Sur les pas de Victor Mottez
Au cours du colloque (Lille 5 avril 2013) : Victor Mottez, un peintre aux multiples facettes, on a mis en évidence une présence importante des œuvres de ce peintre dans la ville de Lille. Les actes de ce colloque ont été publiés par l’association « les Amis de Lille ».
Et c’est à travers une promenade, en plusieurs étapes, que seront présentés les différents lieux où sera évoqué le travail de ce peintre bien méconnu des Lillois.
De la maison natale à l’église Sainte-Catherine
Partons de la maison sise au numéro 16 de la rue d’Angleterre, Victor Mottez y est né le 13 février 1809. Elle est à cette époque, la propriété de son parrain qui est aussi son grand-père, Alexis Mottez.
Nous passons par la rue Royale où habitait son parrain et nous arrivons à l’église Sainte-Catherine. Victor Mottez y fut baptisé le jour de sa naissance. Ce lieu est lié à la jeunesse du peintre et aux deux premiers voyages qu’il a effectués.
Accompagné de Julie Odevaere qu’il a épousée vers 1831, il se rend en Belgique en 1833, là, il peint, les Larmes de saint Pierre et le Christ au jardin des oliviers qui se trouvent sur le mur ouest de l’église, côté sud ; côté nord est exposé le Christ au tombeau peint à Florence lors de son premier voyage en Italie en 1834. En 1838, il reçoit, lors d’un salon à Lille, une médaille de 3e classe, dans la section histoire, pour cette œuvre.
En 1838, il s’installe à Paris et il peint Les quatre Évangélistes exposés dans les chapelles des nefs latérales, côté est. Ces quatre tableaux forment un ensemble à part dans l’œuvre du peintre. Ils furent terminés et installés dans l’église Sainte-Catherine, en 1839.
De Sainte-Catherine à Saint-Étienne par la rue Esquermoise
Mottez est fidèle en amitié. Son ami Fockedey habitait cette rue Esquermoise, près du pont de Weppes. C’est grâce aux nombreuses lettres que Mottez lui a envoyées, de 1833 à 1873, que nous connaissons aussi bien les événements qui ont marqué la vie de cet artiste.
M Charvet-Barrois, négociant ami de la famille Mottez habitait, lui aussi dans cette rue, il avança la somme nécessaire pour que le jeune couple puisse accomplir le voyage en Italie.
Au n° 57 de cette rue se trouvait la librairie Lefort.
Lefort fait partie du cercle des amis de Mottez qui lui confiera l’impression de la traduction de l’œuvre de Cennino Cennini Le livre de l’art ou traité de la peinture [Notice sudoc]. Cet ouvrage écrit en italien que Mottez a traduit servira pendant plus de 100 ans à l’étude de la fresque et aux restaurateurs de fresques.
Un petit détour par la place Rihour permettra d’évoquer l’incendie de l’Hôtel de ville, en 1916, durant lequel la composition profane Melitus offerte par l’État à la ville de Lille est détruite. Il ne nous reste que la description qu’Edmond About lui a consacré, dans Nos artistes au salon de 1857 (p. 98 à 101) [Notice sudoc] pour nous faire une idée de cette œuvre.
L’église Saint-Étienne
Dans la chapelle absidiale se trouve le Saint-Étienne commencé et fini à Rome. Il figure au salon de 1838. Il est le témoin des premières recherches de Mottez à propos de la fresque à laquelle, il consacrera de nombreux travaux et qu’il a beaucoup étudiée lors de son séjour en Italie.
Dans cette même église, nous voyons des vitraux qu’il a dessinés notamment L’Annonciation. La chapelle attenante dite des Apôtres était ornée de nombreux vitraux qui furent réalisés à la même période, mais, malheureusement, beaucoup ont disparu.
Rejoignons Saint-Maurice
où nous pouvons admirer les vitraux placés sur le pourtour du chœur dont les dessins sont de notre artiste. Il s’agit de onze vitraux. Cinq fenêtres sont historiées, celle située derrière le maître-autel, les deux au-dessus des sacristies et celles attenantes à la chapelle des morts et à la chapelle de la Vierge. Huit thématiques sont illustrées : la Crucifixion, la Vierge, Sainte Barbe et Saint Maurice protégeant la ville de Lille, L’adoration des Mages, L’adoration des bergers, la Confirmation des statuts de la confrérie de sainte Barbe par Philippe le Beau.
Ces vitraux furent exécutés par Gaudelet. (Voir certains de ces vitraux sur Wikimedia commons.)
Le musée des Beaux-arts
Gagnons maintenant le musée qui conserve notamment le portrait de l’artiste et d’autres portraits de lillois qui furent les amis de Mottez, nous en avons déjà évoqué quelques uns au cours de notre promenade.
Attardons-nous en particulier sur deux tableaux : une vue du port de Calais et la Résurrection. Calais est incontournable lorsqu’il s’agit de se rendre en Angleterre et cela Mottez l’a fait à plusieurs reprises. Il part à la suite des événements de 1848 et en 1850, il épouse, Georgina Page qui est anglaise et il retournera en Angleterre fin 1866.
Le deuxième tableau sur lequel nous allons nous attarder est la Résurrection. Sa résonance symbolique ne manquera pas d’impressionner Maurice Denis qui reconnaît au peintre lillois le statut d’un précurseur du symbolisme.
C’est aussi au musée que sont conservés quelques dessins de Mottez qui ont servi à la réalisation des vitraux que nous avons vus.
Du musée à la rue Vantroyen
En 1864, Urbain Le Thierry fait construire cette maison au 32 rue Vantroyen. En 1986, les fresques peintes par Mottez dans les années qui ont suivi la construction sont redécouvertes. Les parties les mieux conservées, représentent quatre modes de la musique antique, le phrygien, le dorien, encadrant Ulysse ; l’ionien et l’éolien encadrant Apollon.
Ces fresques sont, avec le portrait de Julie conservé au Louvre, les seules qui nous soient parvenues en aussi bon état. Pourtant Mottez a consacré une grande partie de sa vie et de son énergie à la réalisation de fresques aujourd’hui disparues, notamment à Saint-Germain l’Auxerrois à Paris.
Cette brève évocation des œuvres de Victor Mottez vous donnera peut-être l’envie de venir les découvririn situ afin de mieux connaître cet artiste aux multiples talents.