À Lille pendant la Grande guerre
Les vélos
Le jeudi 25 mars 1915, un avis du Maire paraît dans le Bulletin de Lille, il concerne la circulation à bicyclette dans la ville. Plusieurs personnes lui ont signalé, que circulant à bicyclette, elles ont été arrêtées, frappées d’une amende et leur machine confisquée par la police allemande. Cette défense de circuler à vélo était ignorée par le public. Le Maire confirme cette interdiction.
Quelques jours plus tard, le dimanche 4 avril, l’autorité allemande fait publier cet acte indiquant que la circulation à vélo et à motocyclette est interdite sur tout le territoire de la place forte de Lille, à moins d’une autorisation spéciale.
Les contrevenants seront punis de prison ou d’amende. Les membres de la police municipale et les pompiers en uniforme dans l’exercice de leurs fonctions seront munis d’une carte de circulation.
Des cartes permettant la circulation intra-muros seront délivrées pour les médecins et les employés des hôpitaux, des usines électriques et usines à gaz, les personnes ne pouvant se déplacer à pied. Ces cartes seront délivrées à la Pass-Central à la mairie, avec photo, numéro et marque de fabrique du vélo. Un droit d’un mark sera perçu par passe de circulation sauf pour la police et les pompiers.
Le dimanche 12 septembre, les Lillois sont informés de la réquisition de toutes les bicyclettes, (pas seulement celles des hommes), des pneus et chambres à air, qui doivent être portés au palais Rameau jusqu’au 14 septembre. Chaque objet doit porter le nom et l’adresse de son propriétaire. Mesure qui peut paraître dérisoire, mais qui sera intéressante quelques mois plus tard.
Seules les personnes ayant l’autorisation de circuler peuvent garder leur bicyclette pour le moment !
Toute infraction sera punie d’une amende pouvant atteindre 300 marks ou d’une peine pouvant aller jusqu’à 3 mois de prison. En outre tous les vélos, enveloppes, chambres à air et pièces détachées trouvées après le 14 septembre seront confisqués sans bons de réquisition.
La mairie est chargée de distribuer les bons de réquisition des vélos.
Le dimanche 28 novembre , on peut lire dans le Bulletin de Lille que l’autorité allemande a décidé de rendre à leurs propriétaires les vélos et pièces détachées dont elle n’a pas trouvé l’emploi. La remise de ces objets aura lieu au palais Rameau du 2 au 14 décembre par ordre alphabétique. Il est à espérer que les étiquettes ne se soient pas détachées lors des différentes manipulations !
La restriction de circulation reste en vigueur, seuls les détenteurs de la carte ont toujours l’autorisation de circuler mais gare aux contrevenants ! Dans les condamnations publiées le 24 septembre 1916, dans le Bulletin de Lille, figurent celles de Moreau Edmond Désiré et de Legillon Louis Ferdinand. Tous les deux sont pompiers. Ils sont condamnés à 20 marks ou 4 jours de prison, Moreau pour s’être servi du permis de circuler à vélo établi au nom exclusif de Legillon et ce dernier pour avoir remis son permis à Moreau qui en a mésusé.
Yvette Henel, © 2019